Peut-être est-ce la magie de Noël qui parle, ou simplement l'arrivée de ma facture de chauffage, mais aujourd'hui j'ai décidé de replonger dans une série qui, contrairement à "Sous le Soleil", n'a pas tenté de me brûler la rétine ou de me chier sur la tronche. Oui, je te vois lever un sourcil, toi qui t'attends à ce que je dégomme gratuitement un pilote comme à l'accoutumée. Mais exceptionnellement, je serai certainement plus clément que d'habitude, moins enclin à chercher la petite bête pour défoncer le scénario, en d'autres termes et comme dirait notre chère Lorie, j'ai la "positive attitude" :
Car aujourd'hui, on s'attaque à "Gilmore Girls", série culte emplie de caféine, de sarcasme, de dialogues à 300 km/h et de romantisme. Ça sent la série pleine de bons sentiments, certes... mais tu verras, "Gilmore Girls" est pleine de facéties, de drames parfois disproportionnés, de personnages hauts-en-couleur, et de décisions scénaristiques qui auront de quoi t'énerver au plus haut point. Mais ne spoilons pas mon bon. Partons tout d'abord à la découverte de la série.
Gilmore Girls, une comédie dramatique et romantique des années 2000
Diffusée entre 2000 et 2007, d'abord sur The WB, puis sur The CW, "Gilmore Girls" sest imposée rapidement comme un série phare de la télé américaine. Elle se compose de 7 saisons pour un total de 153 épisodes. Et parce que Hollywood adore ressusciter ce qui n'a pas demandé à l'être, Netflix a offert en 2016 un revival sous forme de quatre épisodes d'1h30, intitulé "Gilmore Girls: A Year in the Life". Pas indispensable, certes, mais suffisamment mignon pour qu'on replonge volontiers dans cette overdose de caféine et de nostalgie.
Alors, c'est quoi le pitch ?
A Stars Hollow vivent Lorelai et Rory. La première est âgée d'une trentaine d'années et élève seule sa fille, la seconde. Une relation mère-fille, amicale, complice et parfois compliquée lie ces deux femmes exceptionnelles...
Gilmore Girls, une série pleine d'amour (et de café)
"Gilmore Girls" fait partie de ces séries qui te font du bien.
Printemps, été, automne, hiver, la série fonctionne en toute saison. Elle est synonyme de quiétude et de bien être. Mais avouons-le : elle possède un super-pouvoir particulier à l'automne. Un truc magique s'en dégage, comme une atmosphère cosy, quasi thérapeutique.
Le plaid, accompagné de sa petite tasse de chocolat chaud, ou plutôt de café pour notre chère Lorelai, n'est alors jamais bien loin. On sait qu'on va passer 45 minutes le sourire aux lèvres, bien au chaud emmitouflé dans notre pelure synthétique hivernale. C'est simple : "Gilmore Girls", c’est le plaid émotionnel dont tu as besoin quand :
- le froid revient ;
- les journées rapetissent ;
- et que Noël pointe le bout de son nez.
Mais alors pourquoi cette série fonctionne aussi bien sur nous à cet instant très précisément ?
Aucune idée. Peut-être parce qu'on entre dans une période durant laquelle on a envie de retrouver un peu de chaleur, l'été nous ayant abandonné pour quelques mois, la tristesse d'une saison pluvieuse où le soleil est moins présent... bref on a alors besoin de réconfort, de se sentir au chaud, d'être enlacé, tout simplement : se sentir bien.
Et cette faculté quasi hors du commun, "Gilmore Girls" nous la fait ressentir dès les premiers épisodes avec ces relations humaines à la fois sympathiques et sincères, cette ville pleine de vie et de bienveillance, ces personnages tous plus attachants les uns que les autres, etc. Les raisons pullulent tout au long de la série et chaque épisode, malgré parfois quelques éléments dramatiques, nous donne le smile.
Bon, je vais pas m'éterniser sur les raisons qui font de "Gilmore Girls" une série attachante, car finalement tu adhères ou non à celle-ci. Ce sera peut-être trop girly ou trop cucul pour toi, dans ce cas passe ton chemin !
Jean-Clément : "Ouais bah, ton truc là, ça sent la série de fragile. Les deux meufs sont plutôt bonnasses, ok, mais s’il n’y a pas de baston ou du cul, j’vais pas perdre mon temps."
Euh... non Jean-Clément, on ne sexualise pas une ado, même jouée par une actrice majeure. Écoute-moi bien, mon grand : Alexis Bledel avait 19 ans, d'accord, mais Rory en a 16 dans la série. Donc tes pulsions de beauf consanguin à tendance pédocriminel, tu vas les enterrer avec le reste de tes neurones au fond de ton jardin. Merci !
Bien, maintenant qu'on a chassé le parasite au QI d'une palourde, restons entre gens de bonne compagnie.
Et puis après tout, trêve de bla bla car la série du jour n'attend pas. Alors, es-tu prêt·e à embarquer avec moi pour un voyage de 45 minutes à Stars Hollow, à la rencontre des filles Gilmore et de tout leur microcosme ?
Alors prends ton plaid le plus douillet, choisis ton mug préféré, remplis-le de la boisson chaude de ton choix (mais sache que si ce n'est pas du café, Lorelai t'observe et te juge), et plongeons ensemble dans ce premier épisode, celui qui pose les bases de cette relation mère-fille devenue mythique.
À la découverte du premier épisode de Gilmore Girls
Le premier épisode de "Gilmore Girls" s'intitule "Premier contact" ou "Pilot" en VO.
Il débute par l'arrivée de Lorelai au café emblématique de la série : Luke's. En l'espace de quelques secondes, nous allons alors comprendre 3 choses sur notre héroïne.
La première est que Lorelai ne boit pas du café, elle se l'injecte en intraveineuse. Elle a clairement une addiction au café. Et quand je parle d'addiction, ce n'est pas du genre "deux petits expressos pour bien démarrer la journée". Non Lorelai, elle est plutôt du genre à faire de l'ombre à Georges si tu veux mon avis. What else !
La meuf est en mode hardcore. Elle a déjà enquillé 5 cafés dans la matinée et elle s'apprête à consommer ici son sixième café de la journée comme si de rien n'était. Et je sens que que ça ne fait que commencer.
D'ailleurs, on verra bien par la suite de la série que Lorelai se délecte de café du matin au soir. C'est dingue d'en boire autant, c'est même dangereux. Son cœur doit battre à 200 BPM, et à la moindre contrariété elle doit dégoupiller en mode "je démembre à mains nues n'importe quel champion de MMA". Enfin, je me dis surtout qu'elle doit être ingérable au quotidien.
La deuxième chose que l'on remarque est la tension sexuelle entre Lorelai et Luke, le gérant du café.
Jean-Gaspard : "On s'en était douté vu le nom du café. Tu nous prends pour des truffes ou bien ?"
Oui bon tu ne vas venir m'interrompre dès que j'enfonce des portes ouvertes. Mais laisse-moi poser les choses, parce qu'ici, c'est une analyse sérieuse (ou presque) et tout le monde n'a pas ta clairvoyance. Crétin !
La connexion entre nos deux tourtereaux est ici très brève, mais la caméra est là et capte cette vibe annonciatrice d'une future romance. Les regards sont appuyés, des micro-sourires se laissent entrevoir, bref on dirait deux ados gênés coincés dans des corps d'adultes. Ils sont mignons !
Le troisième et dernier point concerne le charme et le beauté que dégagent Lorelai et sa fille Rory.
"On est belle, mais à force de boire du café, on a les chicots pourris !"
Les Gilmore ont une beauté indéniable et elles ne laissent pas les hommes indifférents. Dès la première scène de la série, nous avons donc droit au lourdaud du coin qui vient dragouiller de manière pas du tout subtile Lorelai. Un champion, un vrai, comme on en croise malheureusement un peu trop dans nos villes. Le genre de mec qui pense que la phrase "Ta mère a décroché toutes les étoiles pour les mettre dans tes yeux" est une technique de drague imparable qui lui permettra d'obtenir le sacro-saint 06 de sa conquête victime.
Mais le mec ne s'arrête pas là. Car quelques secondes plus tard, Rory fait son entrée dans le café. Le temps que Lorelai aille lui chercher un café (oui elle est déjà accro au café à 16 ans, visiblement l'addiction est héréditaire), notre séducteur de pacotille remet le couvert en s'attaquant à Rory. Et il lui sort exactement le même discours, mais il ne sait pas à qui il a affaire. Nos deux Gilmore ne se démontent pas et lui font comprendre de manière subtile qu'il est ridicule.
Attends, parce que ça ne s'arrête pas là ! Le mec ne se démonte pas pour autant et il insiste quand il apprend qu'elles sont mère et fille. Il tente même d'incruster son pote. Et là, tu vois clairement dans son regard ce qui se passe dans sa tête :
Trou du cul du bar : "Plan à trois ? Allez, plan à quatre avec Tony ? Une chambre d'hôtel dans le coin ? Tout est possible, ma gueule !"
Bon il déchante vite quand Lorelai lui annonce l'âge de sa fille : 16 ans. Le type se sent con et décide de quitter les lieux. Un sacré crevard !
Bref, une première scène déjà bien remplie :
- Première romance : check.
- Premier lourdaud du coin : check.
- Première tasse de café : check, puis re-check, puis re-re-check, puis-re-re-re…
Désolé j'étais coincé.
À présent, place au générique culte, porté par la chanson "Where You Lead" interprétée par Carole King et Louise Goffin. Et dès les premières notes, tu sens la mélodie chaleureuse qui te donne instantanément envie de t'emmitoufler dans un plaid, et ce même en plein mois d'août.
Sur le générique en lui-même, visuellement, rien de révolutionnaire : un montage de petites scènes mignonnes, des sourires, des moments de complicité mère-fille et une présentation des personnages principaux que nous aurons le plaisir de rencontrer durant cette première saison. Le classique des années 2000 dans toute sa splendeur. Mais efficace, faut bien l'admettre.
Donc pas de folie artistique façon générique HBO, juste une promesse implicite faite au spectateur·trice : ici, tu vas passer un bon moment. Et la série, contrairement à certaines, tiendra majoritairement parole.
La scène suivante se situe à l'auberge de l'Indépendance, le lieu de travail de Lorelai, où elle officie en tant que manageuse.
On fait le rencontre de Michel, un des personnages les plus drôles de la série. Derrière sa mine bougonne et son air acariâtre, Michel est quelqu'un de très attachant et un ami fidèle de Lorelai. Il nous dévoile en quelques secondes toute la panoplie de son art, entre mépris des gens, sarcasme et humour piquant. En résumé, voici son portrait psychologique :
- Michel déteste les gens.
- Michel déteste travailler.
- Michel déteste quand les gens travaillent près de lui.
- Et j'en passe...
Bref, Michel déteste tout, sauf sa propre personne, ce qui est, reconnaissons-le, déjà beaucoup.

Son personnage est un vrai coup de génie d'écriture : là où Stars Hollow semble transpirer la bonté et la douce odeur des pommes d'amour, Michel fait office de contrepoids. Il est la petite pointe d'amertume dans un monde trop doux.
Et franchement, si on pouvait organiser une table ronde avec des personnages de fiction dans la vraie vie, j'aimerais assister à un échange entre Michel, April de "Parks and Recreation", Daria de la série animée "Daria" et House de "Dr House". Je pense qu'il y a moyen de passer un sacré bon moment, encore plus si tu les mets au milieu d'un troupeau de crétins comme le dragueur fou de tout à l'heure. On pourrait ouvrir des paris, juste pour voir combien de temps il survivrait sous un feu croisé de punchlines acerbes !
Nous poursuivons avec l'arrivée de deux nouveaux personnages.
D’abord Lane, la meilleure amie de Rory. Fan de rock, coincée dans une famille ultra-stricte. Lane est immédiatement attachante parce qu'elle incarne tout ce que Rory n'ose pas être, notamment le côté rebelle. Bon, elle n'est pas Lorenzo Lamas non plus !
Puis nous croisons Dean, le futur love interest de Rory. Pour l'instant, il n'a pas besoin de parler : il regarde simplement Rory et son cerveau s'éteint instantanément, le regard figé, la mâchoire décrochée, tu l'auras compris, le coup de foudre immédiat.

"J'essaye de rester stoïque, mais elle me plait bien cette petite !"
La scène se poursuit dans une salle de classe où Rory, appliquée et concentrée, est entourée de jeunes filles occupées à se vernir les ongles. Le contraste est là : Rory pense, les autres se maquillent. Ma foi, un message grossier et peu subtil. Elle est différente et supérieure intellectuellement à cette masse de figurantes creuses. Ainsi, pour valoriser Rory, la série rabaisse les autres tout en montrant que ce lycée public est un endroit trop petit et pas assez bien pour une héroïne que la série destine déjà à mieux.
Retour à l'auberge pour faire la connaissance d'un autre personnage important de la série : Sookie. Elle est la meilleure amie de Lorelai et cheffe cuisinière de talent... mais dangereuse. Je reviens sur ce détail dans 2 secondes.
Les deux amies ont un projet en commun : ouvrir leur propre auberge. Malheureusement, Sookie maîtrise l'art de la gastronomie, mais absolument pas celui de la survie en cuisine. Elle est maladroite, ce qui peut être très dangereux dans une cuisine. Et quand je dis "maladroite", il ne faut pas le prendre à la légère. La meuf est capable de créer un accident mortel toutes les 5 secondes. Il faut avoir le coeur bien accroché quand on travaille avec elle ou alors tout simplement aimer avoir mal. Les risques sont présents à chaque instant, et autour d'elle, chaque objet devient une arme potentielle :
- un torchon : une menace d'incendie ;
- une casserole : un projectile ;
- un couteau : une tentative d'homicide involontaire ;
- un objet quelconque : une chute.
Bref du sang, des plaies, des bosses, des hématomes... hum, ça commence à me plaire tout ça. Dis-moi Sookie, puis-je t'appeler Maîtresse ? Est-ce que tu maîtrises le martinet ? J'ai été un vilain garçon...
Pardon, je me suis laissé emporter.
L'intrigue bascule lorsqu'on apprend que Rory est acceptée à l'école Chilton, une école privée très prisée. Ce qui rend extrêmement fière Lorelai. Mais très vite, la réalité la rattrape car elle n'a pas les moyens de payer. Lorelai doit alors trouver une solution. Poussée par Sookie, elle décide de faire appel à ses parents fortunés avec qui elle n'entretient pas nécessairement de bonnes relations.
Et pour la première fois, la série te fait comprendre que tout n'est pas si rose à Stars Hollow. Derrière le café, les blagues et cette ambiance mielleuse, se cache la réalité des relations humaines et familiales parfois compliquées. Et c'est ce que nous allons apprendre par la suite...
Dans la scène suivante, nous retrouvons Lorelai devant le portail de sa maison familiale. Une maison bien bourgeoise si tu veux mon avis. Ça sent la tunasse à plein nez par ici. Sookie ne s'était pas trompée : si tu veux du fric, tu frappes ici. Les parents Gilmore sont définitivement la bonne cible pour récupérer du pognon et payer les études de la plus jeune.
Mais avant d'entrer dans l'antre démoniaque des parents Gilmore, Lorelai se prépare psychologiquement à sa manière. Elle se rince au café comme si cette boisson pouvait avoir un quelconque effet de calmant. T'as raison ma cocotte, tu sais très bien que ce qui t'attend à l'intérieur n'a rien d'une réunion de famille chaleureuse, alors autant arriver bien chargée en caféine pour encaisser les coups.
Dès les premiers échanges, le malaise avec sa mère est palpable. Les sourires sont crispés, les phrases trop polies pour être honnêtes et les piques dissimulées derrière chaque respiration. Le père, quant à lui, comprend rapidement que sa fille n'est pas venue pour simplement prendre des nouvelles et avoir son petit bisou du jour. Il sait qu'elle en a après son pognon, mais peu lui importe. Le mec doit clairement rouler sur l'or car il ne se donne même pas la peine de lui demander le montant de l'inscription à Chilton. Il va direct chercher son chéquier.
Ou bien alors il a la planche à billets dans la cave, à côté de ses bouteilles de Château Lafite, Château Margaux et autres Cheval Blanc, juste à côté de sa pièce de torture. Oui car c'est bien connu, les riches, ils aiment le bon pinard et s'adonner à des pratiques occultes.
Lorelai obtient donc ce qu'elle voulait. Mais évidemment, ça ne pouvait pas être aussi simple. Sa mère, fine stratège et vieille perfide, impose ses conditions. L'argent sera sien, mais à une seule condition. Lorelai et Rory devront venir dîner chaque vendredi soir avec eux.
Sur le papier, le deal paraît presque acceptable : un max de brouzouf contre un dîner hebdomadaire avec ses parents, il y a pire. Sauf effectivement si tes parents sont les sosies des Balkany et si tous les vendredis soirs ils font venir leur riches amis pour effectuer des rituels sataniques qui finissent en orgie.
Franchement Lorelai je suis de tout cœur avec toi, un vendredi soir à sacrifier un bouc et à batifoler en suivant dans le sang de la bête, on a vu mieux. Je n'ai rien contre des vieux corps fripés tout en sueur qui se la donnent sur le cadavre d'une pauvre chèvre égorgée, ça pourrait même m'exciter, mais pas toutes les semaines non plus. Il faut savoir créer de l'attente pour ce genre d'événement, afin de mieux les apprécier...
Marie-Constance : "Plus je vous écoute, plus vos propos me rebutent. Votre âme est à jamais corrompue et perdue. Vos blasphèmes ne resteront pas impunis."
J'étais sur un terrain glissant et il était évident que tu allais venir me faire la morale ma chère Marie-Constance. Parfois, je me demande qu'elle image tu as de moi. Je me plais à me dire que tu y crois. Parce qu'entre nous, tout ça n'est qu'élucubration et provocation... ou pas !
Revenons à notre Lorelai qui a tout de même obtenu ce pour quoi elle était venue. Elle accepte de ravaler son orgueil, de revivre de vieux conflits et de replonger dans un environnement toxique pour offrir un avenir à sa fille adorée. On voit bien ici l'amour qu'elle porte à Rory. C'est beau !
Pendant ce temps, Rory fait enfin la connaissance de Dean, le futur love interest officiel de la saison. Une scène simple, presque banale : deux ados un peu maladroits, aux hormones en ébullition, qui se tournent autour sans vraiment oser se dire les choses. Rien de révolutionnaire, mais c'est mignon.
Et c'est là que "Gilmore Girls" commence doucement à faire la différence : par son écriture. Sous ses airs de série teenage à la fois gentille et inoffensive, elle aligne déjà des dialogues plus malins que la moyenne, chargés de références et de punchlines culturelles. Cinéma, littérature, pop culture : les filles Gilmore aiment ça, et elles aiment le montrer.
En tout cas, la preuve est là avec cette toute première scène entre Rory et Dean, qui glisse au passage un clin d'œil à un très grand film : "Rosemary’s Baby".
Affiche du film "Rosemary’s Baby"
Si tu es du genre à traquer les références planquées dans les dialogues, tu vas te régaler avec cette série. J'aurais l'occasion de revenir sur le sujet dans ma conclusion sur ce premier épisode.
Plus tard, on assiste à la première d'une longue série d'engueulades mère-fille, celles qui feront presque partie de l'ADN de la série.
Rory annonce soudainement qu'elle ne sait plus trop si elle veut aller à Chilton. Évidemment, elle se garde bien de donner la vraie raison. Mais Lorelai, qui n'est pas née de la dernière pluie, comprend rapidement que cette histoire cache un garçon au sourire ravageur.
Je t'épargne les détails de la dispute, mais en substance : d'un côté l'ado qui se sent incomprise, de l’autre la mère qui projette ses propres blessures. Lorelai ne veut pas que sa fille revive le même scénario qu'elle : grossesse trop jeune, rêves interrompus et avenir bricolé à la va-vite pour subvenir aux besoins de son enfant. Elle veut le meilleur pour Rory, quitte à devenir franchement relou dans sa manière de l'exprimer. On ne peut que la comprendre, encore plus en tant que parent, mais pour ma part, j'avoue, mon choix est fait. Je veux voir Rory et Dean ensemble. Entre deux messes noires, une orgie et trois blasphèmes bien sentis, j’assume pleinement mon petit cœur de midinette.
La scène se conclut comme il se doit avec deux Gilmore vexées, chacune dans son coin.
Le lendemain, retour à la cuisine de l'auberge, et surprise... Sookie a encore failli réduire l'établissement en cendres.

"Je vais te préparer une tarte aux pommes et ensuite je vais brûler ton chien et le donner à manger à tes parents"
Cette femme est décidément un danger public ambulant. Elle a peut-être un talent fou pour la cuisine, mais si chaque plat s'accompagne de départs de feu, de coupures profondes et d'apprentis cuisiniers en PLS, il va sérieusement falloir envisager une reconversion. Tiens, en voici 3, c'est cadeau :
- Démineuse en zone de guerre : vu sa capacité à transformer une simple cuisine en champ de bataille, autant rentabiliser son don. Tu l'envoies au milieu d'un champ de mines, elle trébuche, renverse sa soupe, touche trois fils au hasard... et miracle, tout explose sans jamais la tuer. Cette femme est immortelle. Elle ressortira juste avec un pansement, une brûlure au troisième degré et une anecdote rigolote à raconter à Lorelai.
- Responsable sécurité dans une centrale nucléaire : parce que quitte à provoquer l'apocalypse, autant aller jusqu'au bout du concept. Et si les terres désolées de "Fallout" n'était que le résultat de son travail ?
- Cuistot : alors tu conserves ton boulot actuel, mais tu vas le faire ailleurs. À "La Villa des cœurs brisés", par exemple. Au moins si tu fous le feu là-bas, ça fera une bande de décérébrés en moins sur la planète. Ça peut marcher aussi avec l'Assemblée Nationale...
Bon ok, sinon, on lui retire toute source de chaleur et tout objet tranchant, ce sera plus safe et on en parle plus !
Le soir même, Lorelai et Rory débarquent chez les parents Gilmore pour le fameux dîner du vendredi. Le premier d'une longue liste, et clairement pas celui qu'on range dans la catégorie "souvenir chaleureux". L'ambiance sera-t-elle au rendez-vous ? Fonçons pour découvrir cela...
Comme d'habitude, Lorelai arrive avec un café greffé à la main. Cette femme doit avoir remplacé son sang par de la caféine. Je ne sais pas comment elle fait, car à sa place je serais soit en train de sauter partout, soit assis sur les toilettes à me vider. Et entre nous, j'opte pour la première option.
Cette histoire de consommation de café chez miss Lorelai a tout de même piqué ma curiosité. Je suis aller voir ce que notre cher Google pouvait nous dégotter comme information à ce sujet. Eh bien plusieurs articles de blogs de fans de la série ou de sujets de forums comme Reddit, estiment sa consommation entre 5 et 7 cafés par jour, ce qui est énorme. Donc, si on part du principe que Lorelai consomme 6 cafés par jour et que disons 3 journées sont retranscrites par épisode, sachant que la série se compose de 153 épisodes, on pourrait supposer que Lorelai a consommé 2754 cafés tout au long de la série. Maintenant, supposons qu'on rapporte ce chiffre dans la vie réelle avec une Lorelai qui consommerait 6 cafés par jour sur une année complète classique, pas une année bissextile...
Oui pardon, je m'égare.
Donc revenons dans la demeure de nos deux vieux capitalistes.
L'ambiance est plutôt tendue. Le père lit son journal avec la passion d'un homme qui préférerait clairement être n'importe où ailleurs, pendant qu'Emily distribue des piques assassines à sa fille. Quand le grand-père évoque le père de Rory, Lorelai craque et s'exile en cuisine pour aider la domestique, parce que oui, ici, on a du personnel. Mais Emily ne la lâche pas. La dispute éclate, violente, sèche, et Rory comprend alors que sa mère a passé un pacte avec le diable pour lui payer son entrée à Chilton.
Et pendant que mère et fille se déchirent ? Papou Gilmore pionce dans son fauteuil. Le type en a tellement rien à foutre qu'il a enclenché le mode marmotte. Déjà qu'il préférait lire son journal que de participer aux échanges avec sa famille, le voilà qu'il préfère dormir. À ce niveau de détachement, c'est plus un grand-père, c’est un meuble de salon. Rory est bien sympa car je te dis que je lui aurais dessiner un bon gros pénis sur le visage avec la purée de pomme de terre.
Quelques minutes plus tard, nos deux Gilmore filent droit chez Luke's.
Boucler la boucle, revenir à la case café, comme si rien de mieux ne pouvait réparer un dîner familial que trois litres d'arabica bien tassé. Rory a compris le sacrifice de sa mère, le deal foireux, les vendredis soirs dans l'enfer de la bourgeoisie. Alors elle prend sa décision : elle ira à Chilton. Et là, désolé, mais respect. Parce qu'à 16 ans, choisir l'avenir plutôt que le flirt de lycée et les hormones déchaînées, c'est un niveau de maturité que certains n'atteignent jamais, même avec une calvitie, un monospace et un crédit sur le dos. Voilà une enfant bien élevée et empathique. J'applaudis !
On s'approche de la fin de l'épisode avec Lorelai qui commande... un café, évidemment. À ce stade, ce n'est plus une simple boisson, on a compris que c'est un mode de vie, le sien !
À cet instant, la série tente de nous souffler à l'oreille : "reviens voir la suite car entre Luke et Lorelai, ce n'est pas juste du service client de qualité, il va y avoir du sport !". N'est-ce pas que tu la sens la grosse tension sexuelle que les scénaristes vont étirer comme un élastique narratif pour mieux nous faire revenir épisode après épisode, hein ?
Enfin, Rory et Lorelai, de leur côté, partagent un moment de calme et de complicité. Et forcément, comme tout bon pilote qui se respecte, l'épisode nous laisse avec plus de questions que de réponses :
- Lorelai et Luke vont-ils arrêter ce jeu d'ados coincés et passer à l'étape on se saute dessus dans la cuisine du restaurant ?
- L'auberge de Lorelai et Sookie verra-t-elle le jour ou s'embrasera-t-elle avant même l'ouverture officielle ?
- Rory et Dean vont-ils nous offrir une romance mignonne ou une compilation de crises d'adolescents ?
- Combien de commis Sookie a-t-elle tué dans sa vie par inadvertance ?
- Et surtout... les grands-parents étaient-ils interprétés par les Balkany ?
Bref, autant de mystères qui ne demandent qu'à être éclaircis. Mais pour ça, faudra remettre le plaid, relancer la machine à café et replonger dans Stars Hollow pour poursuivre l'aventure avec les "Gilmore Girls".
Alors, ça valait le coup de revoir le pilot de "Gilmore Girls" ?
On ne va pas se mentir : de tous les pilotes que j’ai (re)regardés depuis le début de ces articles, celui de "Gilmore Girls" est sans aucun doute le plus réussi. Déjà, la série partait avec un avantage énorme : je l'apprécie beaucoup. C'est une de ces séries devant lesquelles j'ai passé de très bons moments, et j'ai aimé suivre les aventures des filles Gilmore de la première à la dernière saison. Autant dire que replonger dans ce premier épisode n'a pas été une corvée, mais plutôt un petit plaisir coupable mon plaid sur les genoux.
Alors, est-ce que je vais me refaire la série en intégralité ?
Oui... et non.
Je ne vais pas binge-watcher comme un cochon façon fans de Netflix, mais clairement, quand l'appel du plaid et du chocolat chaud se fera sentir, je n'hésiterai pas une seconde à retourner faire un tour à Stars Hollow. Certaines séries sont faites pour être englouties. D'autres sont parfaites pour être savourées de temps à autre. "Gilmore Girls" fait partie de cette seconde catégorie.
Alors, en résumé :
Les aspects positifs de cet épisode
- En un seul épisode, on sait exactement où on met les pieds. L'univers est posé, les personnages principaux sont introduits proprement, et on comprend immédiatement la direction que prendra la série.
- Les personnages sont ultra attachants. Gros coup de cœur pour Sookie la maladroite, Michel le roi du mépris sarcastique, et Luke l’acariâtre qui n'attend qu'une chose, que la belle Lorelai fasse fondre son petit coeur. Quant aux grands-parents... ce sont d'excellents antagonistes. De ceux qui font ressortir chez toi ton côté famille Groseille avec l'envie irrépressible de cracher sur la télé, si tu vois ce que je veux dire.
- La ville. Stars Hollow, c'est le fantasme absolu de la petite ville confortable, vivante, chaleureuse, où tout le monde se connaît. T'as envie d'y vivre ou au moins d'y passer l'automne.
- Et surtout : l'écriture. La série dégouline de références culturelles. Rien que dans cet épisode, ça cite pêle-mêle Jack Kerouac, Britney Spears, Stephen King, "Moby Dick", "Madame Bovary", "Rosemary’s Baby"... et c'est comme ça tout le long de la série. Cinéma, musique, littérature : c'est une chasse aux références permanente. Et ça, franchement, c'est du boulot d’orfèvre. Ça me rappelle une autre série des années 2000 qui avait ce talent : "Veronica Mars".
Bon, je pourrais continuer encore longtemps, mais je préfère te laisser découvrir ça toi-même.
Les aspects négatifs de cet épisode
Eh bien figure-toi que je n'en vois pas...
Franchement, j'ai beau fouiller, je ne trouve grand-chose à lui reprocher. Allez, puisque tu insistes, je fais un petit effort et je t'en dégotte un : Rory.
En fait Rory c'est le genre d'ado parfois insupportable. À faire ses crises existentielles :
- "Ouin ouin tu ne me comprends pas".
- "Ouin ouin personne ne m’aime".
- "Ouin ouin de toute façon c'est ma vie alors je fais c'que je veux".
Mais en fait, c'est surtout parce que... c'est une ado. Et les ados, soyons honnêtes deux secondes, ils nous font chier. Une bonne paire de claques voilà ce qu'ils méritent. Et Rory ne déroge pas à la règle, dès le premier épisode je lui aurais bien balancer mes phalanges à travers la tronche.
Comment ça je suis violent ? Je n'aime pas les ados c'est tout. Et non, je n'ai pas été ado, je suis passé d'enfant à adulte. À 12 ans je montais déjà ma première start-up, À 14, j'avais trois comptes offshore. À 16, je me la coulais douce aux Bahamas. On a la classe ou on ne l'a pas !
Trêve de plaisanterie, je ne déteste pas Rory, loin de là. Elle peut parfois être agaçante, tout comme pourra l'être Lorelai au fil des saisons, mais dans l’ensemble elle reste une jeune fille empathique et intelligente. Ses choix peuvent être douteux, mais elle est loin de se planter sur toute la ligne. Et c'est comme ça, il faut faire des erreurs pour avancer dans la vie. Personne n'est parfait. Enfin... sauf moi évidemment !
Pour conclure, revoir ce premier épisode de "Gilmore Girls" a été un vrai plaisir. Sincèrement. Si tu ne connais pas la série, fonce. Si tu l'as vue il y a longtemps, relance-la. Et pour une fois, c'est un vrai conseil série. Autant "Pour être libre" ou "Manimal" ne méritaient pas ton attention, autant "Gilmore Girls" mérite clairement qu’on lui accorde du temps.
Profites-en, parce que la prochaine fois, je sens qu'on va repartir sur une belle grosse série de merde.
D'ici là : profite la vie, méfie-toi des vieux satanistes surtout si ce sont les Balkany, et bisous.