Et si pour la sortie de la saison 2 de "Culte" centrée sur les 2Be3 on se regardait le premier épisode de "Pour être libre" ? Allez... soyons fous !
Le boys band de l'horreur et sa série "Pour être libre"
Halloween approche à grand pas avec son lot de bonbons, de déguisements et de frayeurs en tout genre. C’est donc le moment idéal pour parler d’une série d’horreur.
Rien que pour toi, je suis allé fouiller dans les méandres des fictions horrifiques les plus effrayantes et les plus sinistres. Celles qui marquent de leur empreinte l’effroi le plus absolu sur les téléspectateurs et téléspectatrices qui ont osé les regarder. Celles qui hanteront tes nuits jour après jour, semaine après semaine, mois après mois et année après année. Celles qui laisseront une marque indélébile dans ton inconscient pour ne laisser en toi qu'effroi, torpeur et désordre. Et parmi ces œuvres signées de la main du Malin lui-même, mon choix s’est porté sur l’une des plus remarquables, la bien nommée : "Pour être libre", la série des 2Be3.
Les 2Be3, ça te parle ?
Mais si, les trois types qui se la pètent avec leurs petits muscles, qui dansent avec beaucoup moins de classe que Kevin Bacon dans "Footloose" et qui chantent des textes écrits d'une seule main ou plutôt avec le cul respectif de chacun.
Oui c'est c'est la version épistolaire de "The Human Centipede" si tu veux !
Alors forcément, pour celles et ceux né·e·s après les années 2000, le nom 2Be3 évoque peut-être un vieux code Wi-Fi. En revanche, si tu as grandi dans les années 80 ou 90, c'est impossible que tu sois passé·e à côté du phénomène 2Be3. Non pas que ce fut-ce le truc ultra qualitatif. Soyons bien d’accord, c'était clairement de la bonne grosse merde. Mais, avec tout le respect que je dois à Filip, Frank et Adel (surtout après les avoir traités de "bonne grosse merde"), force est de constater que ce boys band a su faire parler de lui. Ils ont enflammé les plateaux télé, provoqué des hystéries collectives, et fait transpirer toutes les adolescentes de l'époque.
Les 2Be3 : le phénomène pop à la française
Mais avant d'aller plus loin, revenons quelques secondes au point de départ. Les 2Be3, c’est d'abord un "groupe" de musique. Les guillemets ne sont pas négociables. Parce qu'il faut être honnête : ces gars-là étaient aussi musiciens que je suis chirurgien orthopédiste pour Hobbits.
Mais peu importe. L'idée, c'était le concept du boys band, cette merveille des années 90 où des jeunes aux pectoraux luisants chantaient et dansaient sur des mélodies qui auraient pu être générées par un grille-pain.
Au niveau du style de musique, on oscille entre de la dance et de la pop. En France, ces groupes ont pullulé dans les années 90 et début 2000 avec Alliage, G-Squad ou encore Poetic Lover, pendant que le monde entier vibrait (façon de parler) au son de Take That, Boyzone ou East 17. Les années 2000 et 2010 ont également connu cette tendance avec des groupes comme les One Direction. Et puis tout s'est arrêté...
Enfin, presque. Car nos amis coréens et japonais ont repris le flambeau en inventant la K-pop et la J-pop, prouvant qu'on pouvait toujours vendre de la musique préfabriquée si on ajoutait des chorégraphies millimétrées et 12 000 fans hystériques par mètre carré.
Et c'est sur cette nouvelle information à la fois triste et déprimante pour l'avenir d'une toute nouvelle génération que je vais m'arrêter sur cette présentation du phénomène Boys band.
Pourquoi s'arrêter en si bon chemin me diras-tu ?
Premièrement parce que je ne suis pas un spécialiste en la matière, je n'ai d'ailleurs pas mon doctorat en Boys band. Deuxièmement, je préfèrerais plutôt passer un week-end à la Fistinière que de faire encore ne serait-ce que 10 minutes de recherche sur le sujet. Et enfin, le sujet m'intéresse autant que le tannage des peaux de Yaks en Mongolie du Sud. Quoique ce dernier sujet aurait tendance à plus m'attirer. Tiens, et le tannage de peau de boys band, ça n'existe pas ? Je me ferais bien un tapis en cul de G-Squad...
Sur cette petite touche délicate, revenons à nos amis des 2Be3.
Alors oui, leur parcours est assez singulier. Filip, Frank et Adel surfent sur la vague, deviennent des icônes, et se retrouvent propulsés au rang de symboles d'une génération. Ils ont déchaîné les foules, rendu folles les jeunes filles, fait mouiller toutes les culottes de France et énervé tous les garçons jaloux de leur physique d'Apollon. Un véritable tour de force pour ces trois gaillards qui réussissent même à produire une série télévisée qui retrace leurs débuts. Et oui, comme tout phénomène médiatique des années 90, ils ont eu droit à leur propre série. Parce que si "Hélène et les Garçons" a pu exister, pourquoi pas "Pour être libre" après tout ?
"Pour être libre" : la série qui aurait dû rester captive
Et c'est ainsi qu'en 1997, les studios AB Productions, dont on a pu parler lors de la découverte du premier épisode de la série "Le miel et les abeilles", nous offrent la série des 2BE3 : "Pour être libre".
Nous sommes en 1997. AB Productions règne sur la télé française comme un monarque du kitsch et de l’imperfection. Après "Premiers Baisers", "Les Filles d’à côté" et "Le Miel et les Abeilles", Jean-Luc Azoulay, producteur et prophète du désastre télévisuel, décide qu'il est temps de conquérir un nouveau public : celui des adolescentes lobotomisées par les abdos saillants de trous du cul chantant des mièvreries sur fond de pop dance. Et c’est ainsi que naît "Pour être libre".
Quarante épisodes. Quarante putains d’épisodes !
Comme si AB Productions avait voulu tester la résistance psychologique du public. Chaque épisode suit les aventures des 2Be3, jeunes chanteurs promis à un destin extraordinaire (et à des dialogues désastreux). Et le pire ? Ça a marché. La série a réuni près de deux millions de téléspectateurs en moyenne. Deux millions de fous oui !
Heureusement, la série ne connaîtra qu’une saison. L'humanité a échappé à une deuxième vague.
Mais avant de la condamner définitivement, il faut lui rendre justice : "Pour être libre" capture à la perfection l'essence des années 90. Ce mélange unique de mauvais goût, de gel coiffant et de musique de merde.
Avec tout ça, je suis sûr que tu trépignes d'impatience de découvrir de quoi parle la série, et que tu te demandes :
- Est-ce qu'elle vaut le coup ?
- Est-ce que Filip, Frank et Adel, les héros de la série et membres des 2Be3, sont de bons acteurs ?
- Est-ce que leur histoire méritait d'être relatée dans une fiction de plus de 17 heures d'épisodes ?
- Et surtout, est-ce que Marie-Constance s'est caressée l'entre-jambe en pensant à nos 3 héros pendant ses cours de catéchisme ?
Marie-Constance : "Mais enfin, je ne vous permets pas. Vous êtes un grand malade. Vos propos blasphématoires vous conduiront aux portes de l’enfer. Paix à votre âme !"
Désolé ma sœur, c'est la faute à cette musique. Elle me rend fou. J’ai besoin d’une dose de Cannibal Corpse pour retrouver mon équilibre :
Ah... je me sens de suite requinqué pour me lancer pleinement dans le visionnage du premier épisode de "Pour être libre". T'es prêt·e à embarquer avec moi dans cette folle aventure ? Alors attache ta ceinture en simili-cuir (cuir, cuir moustache), on décolle !
À la découverte du premier épisode de "Pour être libre"
NB : Tu peux découvrir l'épisode dans son intégralité à la fin de l'article !
L'épisode s'ouvre, comme souvent chez AB Productions ou n'importe quelle série d'ailleurs, sur un générique. Et dès les premières secondes, le drame commence. La musique retentit. Trois mots suffisent à faire frissonner la colonne vertébrale de toute une génération, ces 3 mots ceux du hit de nos trois amis : "2Be3" ou "To be free".
À cet instant précis, j'ai levé les yeux au ciel. J'ai fermé mon ordinateur. Lentement. Très lentement. Puis, j'ai pris une grande inspiration. Je me suis levé de ma chaise, j'ai ouvert la porte d'entrée de ma maison et :
“Sans raison particulière, j'ai décidé d'aller courir un peu. Alors j'ai couru jusqu'au bout de la route, et une fois arrivé là, je me suis dis que je pourrais courir jusqu'au bout de la ville et une fois arrivé là, je me suis dis je pourrais courir à travers le comté de Greenbow, puisque j'étais déjà allé si loin, autant courir à travers le grand État d’Alabama... c'est ce que j'ai fais.”
Après 3 années de course interminable à travers les États-Unis, fatigué, comme Forrest Gump, j'ai fini par m'arrêter et j'ai décidé de rentrer chez moi. Car je me suis souvenu que je ne faisais pas ça pour moi. Non. Derrière cette épreuve qui semblait insurmontable se cachait un trésor. Oui, un magnifique cadeau m'attendait au-delà de cette montagne d'étron qu’est ce premier épisode de "Pour être libre". Ce présent, c'est toi. Oui, toi qui vas lire ces quelques lignes, revivre en ma compagnie ce premier épisode d’une série qui évoque pour toi un lointain souvenir, une trace indélébile dans ton petit cœur de sériephile ou une haine incommensurable pour ce genre de séries.
Alors pour toi, j'ai rebroussé chemin. Je me suis installé à mon bureau. J'ai dépoussiéré mon ordinateur, relancé un Windows devenu obsolète, et après trois écrans bleus et deux prières à Saint VLC, j'ai rouvert le fichier vidéo de "Pour être libre".
Et là... retour à la réalité : le générique. Et quel générique ! Un condensé de tout ce que les années 90 ont produit de pire. En même temps, la série est produite par AB Productions, donc je ne pouvais pas m'attendre à un générique aussi chiadé que ceux de HBO.
Donc c'est moche entre les typographies WordArt, les couleurs criardes qui feraient vomir n'importe quel Arlequin et bien sûr, nos trois beaux gosses, les 2Be3, enchaînant des poses et des pas de danse sponsorisés par OK Podium.
On ne sait pas trop ce que ce générique veut nous dire. Qu'ils sont beaux ? Qu'ils sont libres ? Probablement un peu tout ça à la fois.
Mais une chose est sûre : en une minute, "Pour être libre" réussit l’exploit de nous rappeler à quel point la télévision française des années 90 n'avait pas peur du ridicule. Elle en faisait même une esthétique. Et le pire, c'est que ça fonctionne : en une séquence, on comprend tout de la série. Trois mecs, des muscles, du gel et un rêve : "être libres".
Après une minute de supplice visuel et auditif, l’épisode intitulé "Vive les vacances" démarre enfin en pleine séance de danse.
Filip et Frank en mode "décontracté du gland" mais les muscles toujours contractés pour le style !
On retrouve donc deux de nos trois beaux gosses, Filip et Frank, en pleine chorégraphie. Il suffit de quelques secondes pour se délecter du jeu d'acteur des deux gus. Ça surjoue un max, mais on va leur laisser le bénéfice du doute pour la suite de l'épisode et on reviendra sur leur prestation en fin d'épisode.
Nos deux zigotos se plaignent du retard d'Adel qui a osé manquer une séance d’entraînement.
Frank, philosophe, relativise : après tout, ils auront tout le loisir de répéter en Angleterre pendant leur voyage. Un séjour que Filip attend avec la même excitation qu'un ado devant un catalogue "La Redoute" pages sous-vêtements féminins. Car, soyons clairs : Filip n'a pas pour ambition de perfectionner ses pas de danse, mais plutôt d'explorer la faune locale, féminine de préférence. Il s'imagine déjà sur une plage anglaise, torse nu, bronzé, admiré par des anglaises en pâmoison.
On voit de suite où sont les priorités du bougre : les filles. Ah, ça ce n’était pas l'école, parce qu'en matière de géographie il ne semble pas bien au courant que les plages anglaises ne ressemblent pas à la côté landaise.
Allez, petit rappel géographique, mon cher : les plages anglaises, ce sont 12 degrés à Brighton, un vent de face à 90 km/h et des galets qui t'écorchent les talons. Bref, mon gars, tu vas clairement te peler les miches là-bas. Si tu penses te la jouer torse nu sur le sable pour faire fondre toutes les petites anglaises, tu risques de vite déchanter !
C'est alors qu'entre Julia, petite amie officielle de Filip. Oui, tu as bien lu, le type a déjà une copine. Elle vient lui annoncer qu'elle ne pourra finalement pas partir en Angleterre, ses parents ayant refusé. Le visage de Filip s'assombrit (ou du moins, essaie de le faire, le jeu AB que veux-tu !). Il joue les amoureux éplorés, fait mine d’être dévasté..... jusqu'à ce qu'elle quitte la pièce.
Et là, le bougre lâche à Frank, l'air de rien :
"Oui, je suis avec Julia. Simplement, pendant les vacances, je ne le suis plus !"
Voilà. En trois secondes, Filip passe du statut de chanteur en mousse à celui de sociopathe de la fidélité. Le type remporte le concours de "connard de l'année", édition 1997.
Heureusement, face à cet énergumène, Frank, lui, semble être la caution morale du trio. Il parle de son voyage comme d'une expérience culturelle et amoureuse : visiter des musées, découvrir l'histoire, passer du temps avec sa copine Aurélie. Trop parfait, trop lisse, mais on ne peut avoir que de la sympathie pour lui comparé à l'autre trou du cul avec le slip en feu.
La scène se termine sur l'arrivée tant attendue d'Adel, en retard et porteur d'une terrible nouvelle : il ne pourra plus partir. Panique à bord ! Les regards se figent, les visages se crispent, la tension est insoutenable.
En à peine quatre minutes, la série vient déjà de balancer son premier cliffhanger.
Et là, changement de décor. Après les chorégraphies de merde des 2Be3, la série nous propulse brutalement... dans un garage automobile. Oui, un garage, pourquoi pas après tout !
On y découvre trois nouveaux personnages : Eddy, le garagiste du coin, Michel, un type apparemment pote avec lui, et Bruno, le fils de Michel. Et on se demande tout de suite : qu'est-ce qu’on fout là ? Où sont nos chanteurs ?
Non, pas de 2Be3 à l'horizon. À la place, on se tape un sketch interminable dans lequel Michel veut que son pote Eddy embauche son fils Bruno, sauf que Bruno, c'est l'incarnation vivante du concept de "maladroit". Le mec a deux mains gauches, un cerveau en RTT et une passion pour rater tout ce qu'il touche.
S'ensuivent alors quatre longues minutes d’humour AB Productions : des blagues qui tombent à plat, des cadrages approximatifs, et un jeu d'acteur digne du club de théâtre de 6ème B du collège du patelin du coin.
Et le plus fort dans tout ça, c'est qu'on n’a aucune idée de ce que tout ça fout là. Pas un seul lien avec nos trois chanteurs à paillettes. Rien. Que dalle. Juste un trio d'inconnus qui s'agitent dans un garage sans raison apparente, comme si on avait zappé sur une autre série en plein épisode.
Scène mémorable du garage dans laquelle l'enjeu scénaristique est d'une importance capitale.
Alors oui, on devine vaguement que cette intrigue parallèle finira par se connecter à nos 2Be3, probablement par un hasard de scénario bien grotesque, mais pour l'instant, on rame sévère.
Franchement, à cet instant présent, cette série est un calvaire. Je prends moins de plaisir que devant "Le Miel et les Abeilles", c'est pour dire !
De retour à la salle de répétition de nos trois gaillards pour une scène de toute beauté. Eux aussi ont décidé de nous en mettre pleins la vue avec des dialogues hésitants et pas naturels. Les gars débitent leur texte comme s'ils découvraient leurs lignes sur un prompteur invisible.
Franchement, on se demande : ont-ils seulement lu le scénario avant de tourner ?
Ou bien on est face à une impro totale, où la spontanéité prime sur le talent. Si c'est le cas, respect messieurs : c'est nul, c'est plat, mais au moins, vous avez l'air sincères dans votre médiocrité.
Revenons à notre intrigue qui devient de plus en plus trépidante. Adel, notre petit ange du trio, vient de réaliser que ses parents se sont saignés pour financer son voyage à Londres. Pris d'un soudain accès de conscience morale, il décide donc de renoncer à partir et de travailler tout l'été pour rembourser ses parents et leur offrir des vacances. Il est bien ce petit, il ira loin.
Pendant ce temps, l'autre enfoiré de Filip continue sa carrière de goujat international. En effet, une nouvelle fille, Carine, débarque comme une fleur et lui annonce qu'elle a son billet pour aller à Londres avec lui. Et là on se demande :
Carine ? Mais c'est qui, celle-là ?
Parce qu'à la scène précédente, monsieur faisait déjà les yeux doux à Julia, sa copine officielle.
Conclusion : le mec bouffe à tous les râteliers. Il a clairement confondu "être libre" et "être en roue libre". Entre Julia, Carine et son obsession pour les anglaises, on est à deux doigts d’un spin-off intitulé "Pour être lubrique".
Bref, pendant qu'Adel essaye de sauver l'honneur de la famille, Filip, lui, continue de creuser dans ses conneries. Et Frank ? Eh bien, Frank observe tout ça, impassible, avec sa sagesse de moine tibétain, probablement en train de se demander ce qu'il fait encore dans cette série.
La scène suivante se déroule sur une terrasse de café.
Et qui retrouvons-nous ici ? Bruno, le champion du monde de la glande, qu'on avait laissé dans un garage il y a quelques minutes. Toujours aucun lien avec nos trois chanteurs-danseurs-acteurs-philosophes, mais on va faire confiance au scénario. Peut-être qu'à la fin, tout ça s'emboîte comme un épisode de "Lost". Ou pas.
On apprend qu'en fait Bruno aime à se jouer de son père. Il ne veut pas travailler de peur d'abîmer ses petites mains qu'il dorlote en prévision d'un tournoi de babyfoot.
À sa table, nous faisons rapidement connaissance de deux individus : un sous-fifre sans charisme identifiable et Laurence.
Une fois les deux zigotos partis, Laurence est rejoint par Aurélie, certainement la fameuse Aurélie dont parle Frank depuis le début. Place à présent à une discussion insipide et mal jouée. Aurélie vient d'apprendre qu'elle sera au rattrapage en septembre et la pauvre petite louloute, elle ne pourra pas partir avec son chéri en Angleterre. Heureusement, Laurence est là et lui propose de l'accompagner pour aller annoncer à Frank la mauvaise nouvelle.
On est déjà à la moitié de l'épisode et je dois dire que toutes ces intrigues, ces rebondissements, ces mauvaises nouvelles et ce suspense de dingue, ça commence à me prendre aux tripes. J'ai tellement envie de savoir ce qui va se passer, le stress monte... ah non c'est du vomi !
Ah j'ai dégobillé, c'est malin ça !
Vous vous rendez compte que votre série est tellement nulle qu'elle m’a retourné le bide. Je commence à avoir des palpitations tellement je suis sur les nerfs devant mon écran. Vite, il faut finir au plus vite l'épisode, je ne vais pas pouvoir tenir longtemps comme ça... allez on avance !
Donc les deux grosses connes, Laurence et Aurélie, partent pour aller retrouver nos trois cons. Ça tombe bien car la scène d'après nous conduit direct auprès des trois trous du cul...
Ok je me calme et je reste poli. Mais je te préviens : à la prochaine scène, je risque d'atteindre le point de non-retour.
Nous revoilà donc avec nos trois compères, Frank, Adel et Filip, en pleine mission d'insertion professionnelle pour le petit dernier.
Les filles débarquent. Et là, miracle : Laurence se souvient d'un détail crucial. Grâce à son ami Bruno (le champion du babyfoot), elle sait que le garagiste du coin cherche un mécanicien. Et ça tombe bien, parce qu'Adel, lui, est justement doué en mécanique.
Eh ben voilà ! Après plusieurs minutes d’errance scénaristique, le lien se fait enfin. Le puzzle prend forme. C'est beau. C'est finement amené. C'est du grand art. Les scénaristes ont réussi à raccorder deux intrigues sans aucun rapport avec la grâce d'un chirurgien cardiaque équipé d'un marteau-piqueur. On ne l'a pas vu venir, et honnêtement, ça mérite presque une standing ovation.
Pendant ce temps, Frank apprend qu'Aurélie ne partira pas. Et là, c'est la douche froide. Son petit cœur pur se brise en mille morceaux.
Alors pour lui aussi, c'est décidé, adieu Londres. Il laisse ce pauvre Filip, seul avec sa bite et son couteau. Ah non, il n'a pas de couteau. Donc seul avec sa bite... ah et Carine car apparemment elle est bien décidée à l'accompagner. Bon et bien il partira avec sa bite et Carine... euh non !
Bref, Filip part à Londres, accompagné de son égo, de son slip en feu et d'une meuf bien déterminée. Quant à moi, je sens la dépression poindre le bout de son nez !
De retour au garage, on arrive dans la scène légèrement gênante de l'épisode. Notre sympathique garagiste de tout à l'heure s'avère être un type un peu louche et très borderline. Dès que Laurence met un pied dans le garage, Eddy se transforme en vieux pervers de province. Alors certes, Laurence est une belle jeune femme, adulte, mais mon cher ami tu pourrais être son père.
Qui plus est, il lui rappelle de manière un peu insistante qu'il se souvient bien d'elle quand elle avait des nattes. Bien sûr, rien de tel qu'une allusion à l'enfance pour détendre l'ambiance. Ce mec est décidément louche. Il fait vieux pervers. Et le pire, c'est sa façon de la regarder : des pieds à la tête, avec un petit rictus qui dit clairement "je vais t’astiquer le carburateur, ma jolie".
On l'entend presque murmurer intérieurement :
"Laurence, tu veux voir ma grosse douille ?"
Mais calme tes ardeurs mon petit Eddy. T'es tellement sous pression que tu pourrais caler le cric avec tes testicules.
Mais le malaise ne s'arrête pas là.
Quand Bruno présente Adel, le garagiste commence à faire la moue en précisant qu'il cherche plutôt un professionnel maintenant... Ah donc en plus d'être un vieux vicelard nostalgique des cours de récré, monsieur aurait aussi un petit fond raciste ? Tu as tout pour plaire dis-moi !
Heureusement, Laurence et ses "atouts" parviennent à infléchir la discussion. Grâce à son charme, Adel semble sur la bonne voie pour décrocher un boulot. La morale est sauve : dans l'univers d'AB Productions, le sexisme fait office de piston.
Pendant ce temps, Filip tente de convaincre Frank de partir avec lui. Et on peut dire que le mec a des arguments. Selon lui, sur les 30 millions de femmes anglaises, il faut soustraire les "vieilles" et les "moches". Après ce tri d'une rigueur scientifique, il en reste "un million de bonnes". Voilà, la sélection naturelle selon Filip. Bon déjà, c’est bien d’avoir de l'ambition. Il a la main sur le coeur ce petit gars. Il veut donner de sa personne. Fallait le dire si ce sont des vacances en mode safari à la recherche de la femelle britannique.
On remarquera que Filip s'enfonce toujours plus dans son personnage de gros con. Il ne pense qu'à baiser, le physique l'emporte sur tout le reste et il va même critiquer la relation de son meilleur ami car celui-ci n'a toujours pas "consommé" avec sa petite amie. Décidément il me plaît lui. À ce stade, j’ai juste envie de lui présenter la paume de ma main, histoire d'avoir, moi aussi, un contact physique à lui offrir.
Bref, devant tant de finesse et de lucidité, Filip prend la grande décision : partir seul trois semaines en vacances.
Dans la scène finale, on retrouve Frank et Adel en pleine déprime. Leur pote est parti, l'ambiance est morose, et la motivation pour répéter s'est fait la malle avec lui.
Mais là, surprise du chef !
Filip débarque et leur dit qu'il ne pouvait pas partir sans ses potes. C'est beau, c'est fort, c'est une belle amitié virile comme on devrait en voir plus souvent.
Filip reste un bon gros macho insupportable, mais au moins il accorde encore un peu de valeur à l'amitié. Il se rachète une conscience, mais il reste tout de même un bon gros connard à mes yeux.
Et pour fêter cette belle réconciliation virile, nos trois lascars nous offrent une minute de chorégraphie, une minute de trop, diront certains, une minute de délectation pour d'autres. De mon côté, je trouve ça à la fois gênant, fascinant, et étrangement hypnotique, comme regarder un accident au ralenti. J'ai l'impression d'être un anthropologue en train d'observer les us et coutumes d'une tribu que l'on a découvert que très récemment.
Puis vient enfin le générique de fin, reprenant la même chanson que celui du début, histoire de bien refermer la boucle de la souffrance. Bref, c'est terminé. Je vais me pendre...
... ou pas, d'ailleurs. Ce serait dommage d'aller aussi loin pour une série de MERDE. Je peux plutôt respirer, reprendre goût à la vie. Je peux surtout éteindre cette horreur sans craindre qu'elle revienne me hanter dans mes cauchemars.
Alors, ça valait le coup de revoir le pilot de "Pour être libre" des 2Be3 ?
On ne va pas se mentir, j'ai passé un très mauvais moment.
Autant pour certaines séries que j'ai pu voir ou revoir dans ce format d'article, il y a toujours eu une petite étincelle, un sursaut d'intérêt, voire un plaisir coupable. Oui j'ai pu prendre du plaisir même devant "Le Miel et les Abeilles" ou encore devant "Sous le Soleil". En tout cas, j'ai réussi à m'amuser à faire cet exercice. Parce qu'au fond, il y avait un semblant de scénario, une pointe de sincérité, et parfois, un vrai effort (maladroit, mais réel) pour faire rire.
Mais avec "Pour être libre", c’est une autre paire de manches.
On n'est plus dans une série, on est dans le produit marketing pur et dur. Les 2Be3 cartonnaient à l'époque, et AB Productions a clairement voulu se faire du pognon sur le dos des 3 gaillards, certainement avec leur accord d'ailleurs. Sans oublier le label, EMI à l'époque qui a dû se dire :
Tiens, ces trois petits trous du cul ils font mouiller toutes les minettes de France, ils nous rapportent un max de tunasses, faisons une série sur leur vie pour avoir encore plus de pognon !
Et hop, "Pour être libre" est née.
L'objectif de la série était là : faire du fric. Pas pour raconter une histoire, pas pour faire rêver à travers un scénario un tant soit peu étoffé, pas même pour divertir. Non, le but est de faire rester les téléspectatrices devant l'écran en leur montrant les 3 mecs quasi tout le temps torses nus ou en débardeur pour les faire fantasmer et les faire rester devant leur écran.
Résultat : des scènes molles, des dialogues d’une profondeur abyssale et une réalisation aux fraises.
Alors oui, ça a marché... quelques semaines car les audiences étaient au rendez-vous, mais la série n’a pas eu droit à une saison 2.
Alors pourquoi ? Les hypothèses sont nombreuses :
- Les scénaristes n’avaient déjà plus rien à raconter (spoiler : c'était le cas dès le pilote).
- Les fans ont fini par se lasser de tant de vide intersidéral.
- La série n’a pas amassé autant de brouzoufs qu'espéraient les producteurs ?
- Filip est finalement devenu intelligent ?
- Frank a défoncé Filip tellement il en avait marre de devoir lui inculquer les bonnes manières ?
- Ou peut-être qu'Eddy, le garagiste pervers, a tenté de violer Laurence... ou Bruno dans sa 205 ?
Autant de questions qui resteront sans réponse. Et pour tout te dire je ne vais pas aller les chercher.
Adel, Filip et Frank, une belle amitié qui fait chaud au coeur !
Je ne vais même pas te faire le traditionnel bilan aspects positifs/aspects négatifs. Parce que soyons clairs : il n'y a rien de positif dans "Pour être libre". Cette série est un échec sur toute la ligne : mal écrite, mal jouée, mal filmée, mal montée. Un chef-d’œuvre de médiocrité, un condensé d'opportunisme, une série AB Productions mais en pire. En résumé, cette série est de la bonne grosse merde ! Ce sera ma conclusion !
Donc épargne-toi de regarder "Pour être libre". Je l'ai fais pour toi et crois-moi, je mérite une médaille, un câlin, ou au moins un Doliprane. Vaque plutôt à des occupations plus palpitantes : lis un bouquin, regarde un épisode de ta série préférée, ou contemple un mur, ce sera toujours plus stimulant intellectuellement.
Quant à moi, je te dis à très vite pour un nouveau rewatch d'un pilote sorti tout droit du cimetière télévisuel. D'ici là, profite de la vie, méfie-toi des garagistes lubriques et bisous !